Derrière le masque

Qui es-tu?

Depuis plusieurs années, je songe à participer au Carnaval de Venise. J’en ai entendu parler, j’en ai vu des photos et vidéos: l’effervescence dans la ville, les costumes colorés, les masques, sont autant d’éléments qui attisent ma curiosité. On dit de cet événement qu’il s’agit de l’un des plus festifs, plus colorés et plus fantasques. A l’époque de sa création, le carnaval avait vocation à renforcer la cohésion civique et politique dans une cité marquée par des quartiers à l’identité forte. Nobles et pauvres, membres du clergé revêtaient masques et costumes et se glissaient dans de nouveaux personnages, le temps du carnaval: ils prenaient alors une nouvelle identité. Le masque dissimulait aussi bien l’appartenance à un quelconque groupe, sexe, religion, statut social. Personne ne pouvait être reconnu, chacun jouait un rôle et le jouait à la perfection.

Une femme pouvait revêtir un costume la faisant passer pour un homme et inversement. En se glissant sous ce costume d’homme, elle adoptait l’attitude, les codes, qui allaient avec le costume. Elle pouvait s’autoriser des libertés qu’elle ne s’autoriserait pas en tant que femme. Une fois le carnaval passé, elle retrouvait son identité initiale.

Tout cela favorisait la courtoisie, il était donc d’usage de saluer tout le monde. Derrière un masque, pouvait se cacher n’importe qui! Je te laisse également imaginer dans quelle mesure cela servait les intrigues amoureuses…

Tout comme au carnaval, nous portons des masques, des costumes. Cela vaut pour toi également: suivant les évènements, les situations, les personnes que tu côtoies, il peut t’arriver de porter différents masques et costumes, pour dissimuler ton identité, en montrer une autre aux autres.

Quand j’ai démarré dans la vie professionnelle, j’ai entendu ce conseil: habille-toi selon le poste que tu vises (et non suivant le poste que tu occupes). Autrement dit, je suis une assistante qui vise le poste de directrice par exemple, alors je devrais m’habiller, comme le ferait une directrice (comme je pense qu’une directrice le ferait).

Dans de nombreuses situations, nous avons à coeur de nous montrer sous notre meilleur jour, ou simplement sous un jour différent: pour plaire aux autres, pour se conformer aux codes sociaux (ou d’entreprise), etc. Ce n’est jamais sans raison! Le fait est qu’à la longue, cela peut devenir pénible.

Le costume finit par tenir chaud, et par devenir inconfortable. Pour une personne qui a l’habitude de porter un survêtement à longueur de journée, porter un costume avec une cravate peut s’avérer difficile à supporter: la cravate qui t’étouffe et que tu meurs d’envie de desserrer; la ceinture de ton pantalon dont le confort n’a rien de comparable par rapport à l’élastique du bas de ton survêtement… Et que dire de ta chemise boutonnée jusqu’au cou… Tant que cela ne dure qu’une journée, tu peux le supporter! Sur un plus long terme, c’est différent.

Quand tu le portes, ce costume te donne une allure différente, tu te sens différent, tu agis différemment, tu parles différemment.

A l’opposé, j’ai cet exemple d'entreprise qui me vient à l’esprit: le Friday wear. C'est cette initiative en entreprise qui consiste à s’habiller de façon plus décontractée le vendredi. Je me souviens encore de certains directeurs qui, lorsqu'ils adoptaient cette décontraction vestimentaire, changeaient aussi d'attitude. Etait-ce le vêtement qui influençait l'attitude ? Leur comportement était tout aussi empreint de décontraction: ils semblaient plus accessibles, qu’en costume, plus enclin à la légèreté.

Tu l’auras compris, le masque que tu portes, le costume, influence ton attitude (la réciproque est vraie aussi). Tant que tu le portes, il est difficile de savoir ce qui se cache derrière le masque.

Un exercice pour aujourd’hui

J’aimerais que tu prennes une feuille pour y noter les réponses aux questions ci-après. J’aimerais que tu réfléchisses à ces questions en posant tout jugement de côté. Note tes réponses en t’abstenant de te dire, c’est bien, c'est pas bien!

Accueille ces constats en toute neutralité. Dans les prochains jours, je t’expliquerai quoi en faire.

Exercice

Prends soin de noter tes réponses, prends le temps dont tu as besoin, avant de poursuivre la lecture.

• ​​Quels sont les masques / costume que tu portes?

• S’agit-il toujours des mêmes masques / costumes?

• Dans quelles circonstances?

• Qu’est-ce qui te pousse à porter masque, un costume?

• Qu’est-ce que ces masques, costumes, disent de toi?

• Comment te sens-tu lorsque tu les portes?

• Et une fois que tu les retires, comment te sens tu (dans ta tête, dans ton corps)?

• Que vois-tu lorsque tu retires masque et costume?

• Comment te sens-tu avec ce que tu vois?

• Comment te sens-tu les jours où tu ne portes ni masque, ni costume?

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L’objectif derrière ces questions: te faire prendre de conscience des différents masques et costumes que tu portes et les circonstances dans lesquelles tu les adoptes; te faire prendre conscience de ce qui te fait porter un masque; te faire prendre conscience de qui tu es sans masque, sans costume.

Prends conscience de qui tu es derrière le masque, derrière le costume.

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