Cocktail de vacances
- The Nest
- 15 août 2018
- 4 min de lecture
Je ne sais pas ce qu'il en était pour vous, mais chez moi, nous avions quelques "rituels" de vacances. Ces incontournables qui revenaient tous les ans, dont certains qu'on aurait préféré éviter. Parmi ces rituels, il y avait un cocktail d'enfer : Nivaquine et huile de ricin! Un seul mot pour les décrire: pouah!!

La Nivaquine. Mon pire cauchemar! Je n’ai jamais aimé les comprimés. Vous me direz, qui aime ça ! La Nivaquine ce n'était pas qu'un comprimé, c'était un concentré de tout ce qu'on fait de plus amer dans un comprimé. Même à l'odeur, on percevait déjà cette amertume!
J’ai toujours eu du mal à avaler mes comprimés. Je fais partie de ces "mauvais malades" (parce que oui, il y a des bons malades, ceux qui ne font pas de vague, prennent leur traitement sans broncher!). Entendez ces personnes pour lesquelles on déteste jouer les garde-malades tant elles sont pénibles. Je suis capable chouiner à longueur de journée, de faire ce "mmmm" à la moindre petite douleur... Je vous le dis, je suis insupportable quand je suis malade. Et quand vient le moment de prendre ses comprimés...
Le mot d’août, c’était le début de la saison des pluies de mémoire. Avec la pluie, les moustiques. Il fallait donc prendre la Nivaquine en préventif, pour éviter le palu (c’est le petit nom du paludisme). Ah, je ne crois pas avoir dit ce qu'était la Nivaquine, c'était le traitement contre le palu, en traitement ou en préventif.
Je me souviens encore du goût (le seul fait d’en parler, me donne cette sensation de le sentir sur mon palais... pouah!). Le comprimé était jaune et rond, bien amer. Imaginez le goût d’une endive très amère, eh bien la Nivaquine c’était ce goût puissance... infinie. Le summum de l’amertume. Et il fallait l'avaler.
Je dois avouer que depuis le temps, les entreprises de santé ont fait énormément d’effort, maintenant ce comprimé est pelliculé (il a changé de nom depuis aussi. Nivaquine, on va dire que c'était l'ancêtre de tous ces petits nouveaux!) et n’a donc a priori pas de goût (moi je sens encore l’amertume, mais passons !) A l’époque c’était amer, très amer.
Maman donnait à chacun un comprimé. Tout le monde l’avalait sans broncher, sauf une personne...
Il y avait des jours où elle nous laissait la boîte de comprimés et chacun devait en prendre un. Disciplinés que nous étions, chacun prenait son comprimé, y compris moi. Chacun l'avalait. Pour ma part, je prenais un verre d’eau. Puis j’allais dehors. C'est vrai, il est arrivé une ou deux fois que mon comprimé termine malencontreusement dans les roses avec l'eau... Oups.
La plupart du temps, maman nous les donnait le soir. Pour mon frère aucun problème, il a toujours eu l’habitude d’avaler des comprimés, alors un de plus, ça ne faisait aucune différence (tiens, pour revenir à mon propos de tout à l'heure, lui fait partie de la catégorie des bons malades). Pour moi c’était une autre histoire. Tout un cinéma: je dansais en pleurant ça va être amer, ça va être amer. Je le goûtais du bout la langue (ne me demandez pas pourquoi je faisais ça sachant que c’était amer, je n’en sais rien moi-même !), bien évidemment, il était amer. Maman essayait de me rassurer à côté. Elle prévoyait même le morceau de sucre. Je prenais le comprimé, je buvais une gorgée d’eau, je faisais mine de mettre le comprimé dans ma bouche. Et finalement... non, je n’étais pas prête. Je prenais à nouveau une gorgée d’eau, puis un autre verre. Bien entendu tout ce cinéma amusait mon frère, maman beaucoup moins... Puis je finissais par l’avaler, enfin! Il arrivait très souvent que le comprimé finisse dans l’évier... Il fallait un autre comprimé et c’était reparti pour un tour...
Une fois le comprimé avalé, je prenais mon morceau de sucre et ensuite je démarrais une nouvelle complainte: j’ai mal à la gorge, le comprimé est resté coincé, c’est amer... Dans ces moments, plus personne ne semblait plus vraiment prêter attention à moi, le comprimé était avalé ! Vous savez, j’avais tellement peur des médicaments, de les avaler qu’une fois, alors que j'étais malade, nous avons quand même demandé au médecin si le médicament qu’elle prescrivait existait en sirop ! Et je crois me souvenir qu’une partie de mon traitement contenait du sirop. Pour ce qui est du goût... Eh bien, je dirais qu’il avait une belle longueur en bouche... et j’aurais aimé qu’il en soit totalement dépourvu... C'est vrai, c'était toujours mieux que la Nivaquine!
Par rapport à ce dernier, il arrivait parfois que maman écrase le comprimé. C’était pire que tout. La Nivaquine écrasée, quelle horreur! je sentais passer la belle longueur en bouche. Le breuvage faisait un aller-retour très rapide dans ma bouche. Pour le plus grand bonheur de maman. Pour le deuxième comprimé dans ces cas-là, la seule option possible c’était l’avaler, aucune négociation possible...
Le deuxième ingrédient de ce cocktail de vacances c'était l'huile de ricin.
C’était différent de la Nivaquine. Honnêtement je ne sais pas lequel je préférais. En réalité aucun !
L’huile de ricin c’était LE truc de ma grand-mère. Chaque vacances, quand les petits enfants étaient là, elle nous appelait un par un pour nous donner une ou deux cuillères de ce puissant laxatif, histoire de nous purifier de l’intérieur. Les effets ne se faisaient pas attendre...
Elle faisait quand même les choses bien, tout le monde n’y avait pas droit le même jour ! Il y avait donc des années où on y échappait et on pouvait allègrement se moquer des autres qui faisaient les frais de cette huile. C’était pire qu’une punition quand elle nous appelait. Chacun espérait ne pas être appelé ! Si ce cocktail était de tous les étés, il faut quand même dire que l'huile de ricin a été vite abandonnée, fort heureusement. Je ne me souviens plus pour quelle raison, peut-être qu'il n'y avait plus rien à purifier avec toutes les cuillères que nous avions avalées... Il paraît que dans le même genre, il y a l’huile de foie de morue. Je vous avoue, je n’en sais rien, je crois les gens qui le disent sur parole, l’huile de ricin c’était déjà assez pour que je m'amuse à goûter autre chose du même acabit...
Vous vous demandez sans doute si je continue mon cinéma avant d’avaler mes comprimés et s’ils restent toujours coincés dans un coin de la gorge ? Eh bien, je ne vous le dirais pas...
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