De couvre-feu !
- The Nest
- 8 août 2018
- 6 min de lecture
Le titre original: De sortie couvre-feu !
Quand j’étais plus jeune, les fêtes auxquelles je participais, c’était les anniversaires de mes cousins, cousines, le Small Tchop, les anniversaires d’amis dont ma mère connaissait les parents et c'est à peu près tout.
Vous savez quand on est petit, on a envie d’aller jouer chez ses amis, on a envie d’aller dormir chez ses amis, d’aller aux anniversaires / fêtes de ses amis. Dans ma famille quand on parlait d’aller à l’anniversaire ou à la fête d’un camarade de classe, la première question qu’on nous posait c’était il ou elle s’appelle comment, c’est l’enfant de qui, qui sont ses parents, que font ses parents, etc, etc. Il fallait détailler le CV de la personne et la généalogie de sa famille (j'exagère à peine!). La plupart du temps ce sont des informations que je n'avais pas. Ma mère accédait donc difficilement à mes demandes. C’était hyper frustrant.
Vous comprenez donc pourquoi les fêtes auxquelles j’avais le droit d’aller étaient celles des enfants d’amis, collègues, connaissances des parents, quand il ne s’agissait pas d’événements familiaux. Quand j’y repense, même si c’était frustrant, je n’ai jamais fait de scène après qu’on a refusé que je me rende à un de ces événements.
Au fur et à mesure des années, nos mères (vous comprendrez un peu plus tard pourquoi je parle de « nos mères ») devenaient un peu plus ouvertes. Elles commençaient à accepter que j’aille à une fête si ma cousine y était invitée et inversement. Heureusement, nous avions le même âge, nous fréquentions le même établissement scolaire, je connaissais ses amis et elle les miens, ça aidait énormément.

A partir de la 3ème, pendant les grandes vacances, il y avait toujours des fêtes : des communions, confirmations, baptêmes, ou des fêtes juste pour le plaisir de faire la fête. Nous étions souvent invitées toutes les deux. Je crois que nous avions soufflé à nos amis respectifs que pour que l’une puisse venir, il fallait que l’autre soit invitée. Ce n’est pas pour rien que tout le monde a toujours pensé que c’était ma sœur, sinon ma sœur jumelle, tant nous étions inséparables !
Un jour, nous étions invitées à la communion ou confirmation d’une de mes amies. Après l’habituel interrogatoire de ma mère, auquel bien entendu, je n’avais aucune réponse, j’ai sorti ma carte joker, ma cousine vient avec moi. Ma mère a dit qu’elle en parlerait à sa mère. Nous avons eu l’autorisation d’y aller.
Le billet d’invitation disait 14 heures. Les parents nous ont déposées à 14h ! Nous étions les premières. Il n’y avait personne ! Pour dire à quel point la fête n’avait pas commencé, ma copine n’avait pas encore revêtu son habit de fête, sa mère s’activait encore dans les divers préparatifs, le buffet était encore vide, les chaises à peine installées. Bref, il était super tôt.
Nous avons occupé le temps en discutant toutes les deux. Parlant de temps, il passait, les heures s’égrenaient, aucun invité n’arrivait. Chaque demi-heure qui passait nous rapprochaient de notre couvre-feu (eh oui, quand on a un couvre-feu comme celui que nous avions, il vaut mieux compter en demi-heures, ça fait tout de suite beaucoup). Nous commencions à regarder nos montres avec inquiétude. Nous n’aurons jamais le temps de faire la fête à ce rythme. Nous avions la permission de 18 heures... (Je sais c'est misérable, nous étions quand même en 4ème!)
Nous avons expliqué à la mère de mon amie que nous devions partir à 18 heures. Elle était triste pour nous. Ce n’était pas tant l’heure à laquelle nous devions partir qui la chagrinait sinon le fait que nous n’allions pas pouvoir manger. Depuis notre arrivée, rien n’était encore prêt. Elle nous a servi un peu marge de lieu de la fête ce qui était prêt, histoire de dire que nous avons mangé et bu à la fête (c’est très important chez nous !!), puis nous lui avons dit que nous allions appeler nos parents pour demander une extension de couvre-feu.
Direction la cabine téléphonique. Pour être plus précise, la cabine ce n’était pas la cabine telle que vous la connaissez, c’était une petite boutique composée de plusieurs box plus ou moins ouverts avec des postes téléphoniques. Le trajet vers la cabine était pire que la marche de la honte (la marche de la loose). Au fur et mesure qu’on avançait, on croisait des camarades de classe qui allaient à la fête, alors que nous, nous étions en train de la quitter! Ils avaient tous la même question sur les lèvres : « vous partez déjà ! », nous avons dû dire à la vérité aux premiers, mais devant leurs yeux remplis de pitié, nous avons répondu à tous ceux que nous avons croisés après, « on arrive ! », ça nous donnait un air plus mystérieux !
Je crois me souvenir que c’est moi qui aie passé l’appel à ma mère, ma cousine était à côté, suspendue à mes lèvres. « Alors, alors !! ». « Elle a dit non, on rentre ». Déception ! La honte! J’avais eu beau expliquer à ma mère que la fête n’avait même pas commencé, que nous avions à peine mangé, rien n’y faisait, il fallait rentrer. Sans broncher, nous avons pris le taxi et nous sommes rentrées à la maison où les parents de ma cousine l’attendaient pour rentrer chez eux.
Un autre été, nous étions invitées chez une amie de ma cousine. Il y avait toute la bande de la classe avec qui on s’entendait bien, ces garçons qui nous plaisaient bien, la fête promettait ! Il y avait cette fâcheuse habitude de mettre une heure de début que personne ne respectait jamais. Pour cette fête, je ne souviens plus à quelle heure elle était sensée démarrer. Cette fois, nous sommes arrivées une heure après l’heure indiquée : là aussi, personne ! Cette fois au moins, nous avions la permission de 20 heures (ce n'était pas mieux, mais il y avait vraiment du progrès!). Nous avons eu le temps de manger, de boire, mais comme tout avait commencé tard, la danse n’était même pas encore ouverte que déjà il était temps pour nous de partir ! Et rebelote, direction la cabine téléphonique pour demander une extension de couvre-feu. Sur le chemin, pareil que la dernière fois, la marche de la loose, à croiser des amis qui arrivaient tout juste sur le lieu de la fête. On en venait presque à les envier, eux qui avaient une permission plus tardive que nos pauvres 20 heures. Le pire c’est que nos mères avaient fait un effort surhumain à nous accorder la permission de 20h !
Pour cette fois, en fines négociatrices, nous avions réussi à gratter 1h de plus (croyez-moi, devant l'inflexibilité de nos mères sur le sujet, c'était comme avoir négocié 3 heures de plus, la seule différence était que concrètement, ça ne restait qu'une heure). Pour être très précise, avant que vous ne pensiez qu’on nous avait accordé une extension jusqu’à 22h, nous étions allés à la cabine autour de 19h...
Nous étions déçues, mais c’était déjà une heure de gagnée. Nous avons pu danser, nous avons grappillé quelques minutes supplémentaires avant de rentrer, remontées comme des coucous. Je pense que c’est une des rares fois où j’ai fait la tête à ma mère en rentrant de la soirée. Je m’en souviens comme si c’était hier, elle était à table avec une des mes tantes, je suis entrée, elle m’ont demandé comment ça c’était passé, j’ai à peine répondu. En revanche j’ai fait part de ma déception de n’avoir pas eu plus de temps à la soirée, de ne jamais sortir, j’ai dû lui dire que pour une fois elle aurait pu faire un effort, je crois aussi lui avoir dit qu’elle était méchante et je suis montée dans ma chambre, très en colère, des larmes de rage me montaient aux yeux... Le lendemain matin, c’était passé, mais je n’avais pas voulu raconter la fête...
J’aurais aimé vous dire qu’il y a eu d’autres événements où nous avons eu un couvre-feu plus tardif, mais ce n’est pas le cas ! 20 heures max.
C’était vraiment la loose pour nous, même la « matinée » ne se terminait pas à 20 heures ! Tout le monde ne sait peut-être pas ce qu’est la « matinée » : pendant les grandes vacances, les boîtes de nuit ouvraient dans l’après-midi pour les jeunes et ça se terminait un peu avant l’ouverture pour les adultes !
Sur le moment, c’était difficile à vivre. J’avais même pris l’habitude de refuser systématiquement les invitations ! Les jours qui suivaient les anniversaires, baptêmes et autres, toute la classe (du moins les élèves invités) en parlaient.
En écrivant ce billet je me suis rendue compte qu’alors que mes petits camarades racontaient la fête et tous les potins de la soirée, certes je me disais j’aurais aimé y aller, mais ça ne durait qu’une fraction de seconde. Au final, je ne m’attardais jamais vraiment dessus, ça n’avait pas tant d’importance que ça de participer aux fêtes.
J’ai passé énormément de temps en famille; les sorties, les fêtes, c’était très souvent en famille. Des moments qui valent tout l’or du monde. Tout ce temps passé ensemble a renforcé les liens entre les membres de la famille : mes cousins ne sont pas que mes cousins, ce sont mes frères (et la réciproque est vraie aussi), mes tantes sont toutes des mères de substitution. En tout cas, en famille au moins, il n’y avait pas de couvre-feu.
Si d'autres veulent partager leurs souvenirs de vacances, sentez-vous libres d'y aller!
Tina merci à toi pour ce partage! J'avoue le coup de l'interphone c'est violent! Le couvre-feu c'est moins violent :-)
Désolée pour les fautes d'orthographe mon correcteur q fait des siennes 🙄
Quelle souvenir droleeee ! J'adore. si ça peut te rassurer, moi j'étais la seule de ma génération a se faire refuser des sorties en direct a l'interphone. On me surnommait "Prison Break" Ma mère disait en direclive '''non elle est punie'' mdr donc en effet j'ai jamais été très sage a l'école mais toujours en quête de vagabonderie. Après que l'on m'ai impose des couvres feux que je ne respectais pas involontairement (problème de transport, ou autres genre une musique vraiment géniale a une fête mdr) je donnais mon couvre feu même si mes parents étaient contre je le faisais qd même. Après tout si je devais être punie je préférais l'être pour avoir BIEN profiter 😂
Ta mère et…
Comment j’aurais pu oublier!!! C’est dans le billet « le bal »!! Par contre j’avais complètement zappé que c’était la promo de Nelly!