Tous éternels insatisfaits? Reflexions et interrogations diverses
- The Nest
- 15 juin 2018
- 6 min de lecture
Cher lecteurs et amis, voilà une semaine que je planche sur ce billet, je ne m'en sors toujours pas. Mais je tenais quand même à le publier en l'état car il reflète parfaitement l'état de mon esprit.
J’ai écrit puis effacé des mots, puis réécrit et effacé de nouveau ce que j’avais noté... Ca fait également près de 3 semaines que les questions se bousculent dans ma tête. Mon humeur est comme le temps : j’ai envie, besoin même, de me plaindre, de pleurnicher et m’apitoyer sur mon sort, je râle pour un rien. D’ailleurs, pas plus tard qu’avant-hier matin, je beuglais encore contre une collègue qui a eu le malheur de m’envoyer 3 mails de relances en 3 jours (bien entendu, je m’époumonais devant mon ordinateur ! Parfois, il faut savoir garder son courage pour des choses qui en valent vraiment la peine). Hier matin elle a récidivé avec un nouveau message de relance et moi aussi avec des beuglements. Il y a des périodes comme ça... Même sur la planète optimisme, le temps peut être maussade. Rappelez-vous, même Superman a pleuré quand il a cru avoir perdu Loïs. Personne n’est infaillible...

Il m’arrive d’être triste, de pleurer (heureusement d’ailleurs ! je n’aurais jamais cru que je dirais ça un jour) ; j’ai parfois envie d’aller crier dans le désert ! Ca fait un peu loin à pied. J’ai donc dû m’astreindre à crier dans ma tête ou alors à pousser un cri presque sourd histoire de dire que j’ai crié. Quand l’envie est vraiment trop forte, je pousse un énorme grognement ! Je l’admets, l’échelle de manifestation de mon énervement est assez étrange !
Comme dirait ce chanteur très connu :
«Je pleurs et je ris
Je suis comme toi avec dans le cœur et tout au fond de moi
Cette p... d'envie de vivre qui nous tient comme un miracle
Qui nous prendrait par la main
Cette p... d'envie de vivre, de se battre et de survivre
De tenir jusqu'à demain, jusqu'à demain... »
Cette chanson m’est revenue quand j’ai pensé à mon humeur. Si l’un de vous connaît le chanteur, qu’il n’hésite pas à me laisser son nom en commentaire ou alors à m’envoyer l’hirondelle avec son nom (je trouve que vous ne la faites pas assez travailler au passage, elle devient paresseuse, la pauvre hirondelle, à force de ne rien faire!)
En vérité, c’est en passant par des baisses de régime comme celle-ci que je parviens à maintenir mon équilibre et à rester optimiste sur le long terme.
L’autre matin dans le tram, coincée entre le ventre du monsieur sur le côté, le sac à main de la dame, le manteau humide du jeune homme qui frôlait mon brushing, j’essayais tant bien que mal de laisser mon esprit vagabonder. Je pensais à toutes ces choses que j’aimerais et que je n’ai pas... Comme je disais précédemment, il y a des moments maussades y compris sur la planète optimisme. Heureusement, ils sont toujours de courte durée ; le rire finit toujours très vite par l’emporter sur la tristesse et l’optimisme sur les pensées négatives.
Ce moment de creux m’a quand même amenée à m’interroger sur mes insatisfactions du moment. Pour être plus précise, je me suis demandée si j’étais une éternelle insatisfaite, je me suis également demandée de façon plus générale si nous sommes tous d’éternels insatisfaits.
J’aime beaucoup cette phrase qui dit « love yourself right where you are ».
Pendant des années j’ai vécu dans l’expectative de jours meilleurs, j’ai remis tous mes projets aux jours où ça irait mieux car je n’étais pas heureuse (peut-être qu’un jour je vous en dirais plus sur ce douloureux chapitre). Autant dire que je rêvais ma vie au lieu de la vivre. A ma décharge, cela constituait mon bouclier pour affronter les situations les plus difficiles. Le jour où j’ai entendu cette phrase en regardant un talk de Ted, ça a été une révélation : j’ai pris conscience de ma situation, mieux encore, j’ai décidé d’agir différemment.
Dans mes moments d’insatisfaction, ces moments où j’étais tentée de me dire, j’aimerais avoir ceci ou cela, ces moments où je me focalisais sur toutes ces choses qui soit disant me rendraient heureuse, oubliant ainsi TOUT ce que j’avais déjà et dont je devais me réjouir... dans ces moments là, me répéter « love yourself right where you are » me rappelait de redescendre sur terre et d’apprécier ce que la vie m’offrait déjà et qui était loin d’être négligeable.
Pourtant, même en le sachant, il m’arrive encore de ne pas savoir me contenter ou me satisfaire de ce que j’ai. Comme je vous disais au début, en ce moment, je ressens le besoin de me plaindre, de pleurnicher !
Pendant que je me lamentais la semaine dernière, un ami m’a rappelé toutes ces choses que j’ai réalisées et que je semblais avoir oubliées. D’emblée, je lui ai dit, oui je sais, mais j’ai envie et besoin de me plaindre là maintenant et j’ai envie que tu me dises que j’ai raison de me plaindre. Bien évidemment, il a fait tout le contraire et il a eu raison. Car même si au plus profond de moi j’avais ces réalisations et accomplissements en mémoire, sur le moment ils étaient intégralement ensevelis sous une avalanche de jérémiades. J’avais clairement besoin qu’on me les rappelle.
Pourquoi n’arrive-t-on pas à se satisfaire de qu’on a ? Pourquoi on en veut toujours plus ? Et si on se contente de ce qu’on a, comment fait-on pour se dépasser, d’ailleurs ce verbe ne perd-il pas tout son sens à ce moment ? Chercher à avoir plus signifie-t-il obligatoirement qu’on est pas satisfait de ce qu’on a ou qu’on ne l’apprécie pas ? Pour le moment, ces questions restent sans réponse... Si quelqu’un veut s’exprimer sur le sujet, je suis preneuse. Ce sont mes questions existentielles du moment !
Quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression que les plus nécessiteux sont les personnes qui savent apprécier et se satisfaire de ce qu’elles ont. Dans un documentaire, il y avait un homme dont le métier était pousseur. Tous les jours il arpentait les rues, tirant son pousse-pousse sous une chaleur des plus intenses! Ses sandales en plastiques étaient si usées que c’était à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de marcher pieds nus (du point de vue d’une personne qui a la chance d’avoir des sandales en bon état ! mais pour lui, le peu de caoutchouc qui restait lui permettait de ne pas être complètement pieds nus). Quand on l'a interrogé, il a dit qu'il était heureux, tout ce qui comptait pour lui c'était sa famille qu'il attendait impatiemment de rejoindre chaque fin de journée. Des exemples comme celui-ci, il y en a des milliers.
Certains diront que ces personnes n’ont pas le choix, ils agissent ainsi par dépit. Théorie qui se tient ! Cependant, cet homme avait véritablement l'air heureux! A l’inverse, on dirait que les personnes qui ont le plus, sont les moins heureuses. Elles courent toujours après davantage. Au fond davantage de quoi ? d’argent, de temps, etc. Plus elles courent après tout ça, moins elles le trouvent, du moins c'est ce que je pense. Mon analyse et ma conclusion sont probablement un peu hâtives, mais c’est qu’il m’apparaît.
Pour ma part, je ne dirais pas que je suis une éternelle insatisfaite. Plus que jamais je suis parvenu à me délecter des petites choses, ces petites choses auxquelles on ne prête plus attention tant elles font partie intégrante de notre quotidien : la vue d’un arc-en-ciel ne m’a jamais autant émerveillée. A chaque fois qu’il pleut avec un ciel bleu, je guette l’arc-en-ciel avec impatience, quand je suis à la maison, il m’arrive de le regarder de ma fenêtre ou du balcon jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement, le sourire aux lèvres et la bouche ouverte. Au début du printemps, la vue des premiers bourgeons était un moment véritable moment de plaisir. Tous les jours, sur le quai du tram, j’avais le regard perdu dans les arbres, je ne pensais à rien (le vide total dans ma tête) si ce n’est à la complexité de la nature, j’admirais l’évolution des bourgeons jours après jours jusqu’à la naissance des feuilles...
J’ai appris à dire ce qui me plait, à dire quand je suis contente, quand on m’a fait plaisir, choses que je ne faisais pas systématiquement par le passé, au delà du simple merci. J’essaie autant que possible de ne pas m’attacher aux choses parce que je sais qu’elles ne sont pas éternelles. C’est très difficile.
En définitive ce qui m’importe c’est essentiellement de prendre le temps d’apprécier toute chose avant de passer à la suivante, de manière à ce qu'en regardant dans mon rétroviseur, je n’éprouve aucun regret. Et de temps à autre je prends aussi le temps de me plaindre, comme ces derniers jours! Autrement la vie serait bien trop ennuyeuse !
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