Tu ne peux pas changer les autres

Cher(e) toi,

J’ai été particulièrement émue par tes réponses à ma précédente lettre. C’est tellement facile de prendre les gens, les choses pour acquis ! Je suis contente que cette lettre ait pu te rappeler à quel point ces personnes sont importantes, à quel point c’est une bénédiction d’être (bien) entouré.

Puisque j’ai commencé à te parler de relations hier, je me suis dit que j’allais rester sur ce thème aujourd’hui encore. Le message que j’ai choisi de te livrer est le suivant : tu ne peux pas changer les gens.

Il faut dire que ce trésor, je l’ai appris à mes dépens, dans mes relations, qu’elles soient amicales ou sentimentales.

Tu te souviens de mon côté Wonder Woman auquel je faisais référence hier ? Eh bien, j’avais réellement envie de faire des merveilles. J’avais cette volonté de transformer les gens, de les modeler à ma façon, j’étais convaincue que j’étais capable de le faire et que je pouvais le faire. Grosse erreur.

Dans mes relations amoureuses, je voyais les défauts d’une personne, je savais que ça serait peu compatible avec ma personnalité, mais je me disais, ce n’est pas grave, je vais changer ça. Je revêtais mon costume de Wonder Woman et allais à la conquête de ces défauts, prête à tout pour les anéantir : j’avais la solution à tout, j’étais prête à aider. Je m’investissais. Je faisais du bien à l’autre, mais les résultats n'étaient pas au rendez-vous, cela n’apportait que des disputes, encore et encore. Tout un mystère.

Pourquoi ces personnes refusaient-elles de changer? Je faisais ça pour leur bien... Uniquement pour LEUR bien...

A y réfléchir, était-ce réellement pour leur bien ? Au fond, ces personnes étaient à l’aise avec leurs défauts, c’est moi qui avait du mal à les prendre comme elles étaient. J’avais envie de les changer pour moi. Uniquement pour MON bien. J’avais beau savoir cela, je m’obstinais à vouloir changer les gens! Mon ami(e), est-ce une situation que tu as déjà vécue ? J'ai entendu dire que c'est trait assez féminin...

Au fur et à mesure des années, j’ai commencé à prendre de plus en plus de recul. J’ai progressivement ouvert les yeux et réalisé que non seulement cela était particulièrement énergivore, mais qu'en plus tous ces efforts étaient vains. Lorsque les personnes (enfin) parvenaient à changer comme je le souhaitais, elles retombaient trop vite dans leurs travers (du moins, de mon point de vue) ! Alors, j’en ai eu assez. Cela ne servait à rien, sans compter que c’était particulièrement égoïste de ma part. Je devais apprendre à prendre les personnes telles qu’elles étaient.

Autant te dire que les choses ne se sont pas faites en un jour... Cela m'a pris du temps de faire évoluer mon état d'esprit (changer l'autre pour ne pas changer soi), d'accepter que je ne pouvais pas garder le contrôle sur les autres, d'accepter que c'était moi qui devais changer et non l'autre.

Cher(e) ami(e), tu ne peux pas changer les gens ça veut dire que tu dois apprendre à les accepter tels qu’ils sont. Tu ne peux pas changer les gens ça veut dire mettre de côté l’image, que tu te fais de l’autre, pour le/la regarder uniquement tel qu’il/elle est. La volonté de changer l’autre provient notamment d’un besoin de voir l’autre nous ressembler, ressembler à l’idéal qu’on s’en fait ou encore ressembler à l’idéal vers lequel on tend. Tu te souviens de ma première lettre te disant que tu es unique? Alors, accepte cette différence.

Attention, je fais la différence entre vouloir changer une personne (lui imposer d’être différent ce qu’elle est) et l’aider à évoluer. Par changer les gens, j’entends vouloir changer leur nature intrinsèque : tu ne pourras pas transformer un mélancolique en une personne gaie. Tu pourras changer l’accessoire : des habitudes par exemple, un look,... mais pas l’essentiel ! En revanche, à ton contact, une personne pourra évoluer, changer, et cela sera à son initiative, cela se fera à son rythme.

Dis-toi qu'à chaque fois qu'il te viendra à l'esprit de vouloir changer une personne, peut-être cela sous-entendra que tu doives changer quelque chose en toi...

Je termine cette lettre sur cette expression que mon professeur de géographie affectionnait: « on ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif »...

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